Nous reproduisons ici, avec son autorisation, la réponse à la question “Qu’est-ce que la laïcité ?” selon l’un des membres du LAIC.
Cette définition est subjective et personnelle ; propre à son auteur.
Elle n’engage en rien le LAIC-Laïcité(s).
D’un point de vue philosophique, la laïcité est une construction intellectuelle tendant à empêcher l’emprise de toute confession sur la société, « ce qui a pour conséquence de proscrire l’imposition d’une religion civile par le politique, en renvoyant les affaires spirituelles à la sphère privée »[1]. Or la plupart des confusions sur sa signification en droit proviennent de l’assimilation erronée de ce registre philosophique à celui du droit français qui, au contraire, protège par principe la liberté de conscience et de religion dans l’espace public, même si l’exercice de cette liberté n’est évidemment pas sans limites. Surtout, la discussion philosophique constante de cette notion pourrait parfois laisser penser que son sens est mouvant, qu’elle n’a pas de véritable définition.
Pourtant, d’un point de vue juridique, la laïcité est définissable comme l’un des régimes d’aménagement des relations entre l’Etat et les cultes pouvant être adopté par une société pluraliste. Fondé sur la séparation des Eglises et de l’Etat, il repose sur trois principes :
– la liberté de pensée de conscience et de religion, qui a notamment pour conséquence le droit d’exprimer ses opinions ou ses convictions, de pratiquer un culte individuellement ou collectivement, en public comme en privé, de changer d’opinion de conviction ou de pratique.
– la neutralité des personnes publiques, des services publics, et doncdes agents publics dans le cadre de leurs fonctions.
– l’égalité de l’ensemble des convictions philosophiques et religieuses, ce qui suppose par exemple une égalité des cultes entre eux.
Il faut préciser qu’en France, la laïcité scolaire a une importance particulière, avec des fondements philosophiques et constitutionnels spécifiques et qu’elle se caractérise par une obligation de discrétion des élèves de l’école publique.
Pour finir, les définitions philosophiques et juridiques se nourrissent évidemment l’une et l’autre et aucune d’entre elles n’est figée, mais les distinguer permet d’éviter des erreurs courantes. Par exemple, on aura compris que si philosophiquement il est tout à fait possible de définir la laïcité comme excluant le religieux de l’espace public, au contraire, et par principe, l’expression religieuse est juridiquement protégée dans ce même espace.
[1] « Laïcité», Encyclopédie philosophique universelle, PUF, 1998, vol. I: Les notions, p. 1432.